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17 mars 2022

Relations entre la Maison d'Antoura et le Patriarcat Maronite

Date

17 mars 2022

    Antoura et Bkérké : Trois Siècles d’Histoire

     

    Relations entre le Collège d'Antoura et le Patriarcat Maronite

    1735-2022

     

    • I-La Période Jésuite

       

      La maison d’Antoura reçoit pour la première fois un patriarche maronite en 1735, comme le signale le discours de M. Maransin en 1965, prononce à l’occasion de la visite du Patriarche Méouchi : « Béatitude, il y aura 230 ans, l’année prochaine, que, pour la première fois, un patriarche Maronite, Monseigneur Joseph (Youssef Dergham) El-Khazen, de glorieuse mémoire, franchissait le seuil de la maison Saint-Joseph d’ANTOURA. Un vieil historien rapporte l’évènement en ces termes : « Un beau jour, on vint me dire, à l’issue de la messe, que le Patriarche avait mis pied à terre au Séminaire ou il m’attendait. Je sortis pour l’aller saluer, mais il me prévint, et je le trouvai à la porte de notre maison, où il entra, suivi de la plupart de ses évêques. Ces prélats nous firent l’honneur de prendre chez nous leur déjeuner et remontèrent à cheval pour prendre le chemin de Louaizeh. » (AAAA, Bulletin annuel, Mai 1965-n.21)

       

    • II-Période Lazariste, Avant la fondation du collège 1783-1835.

       

      Les pères de la Congrégation de la Mission sont chargés par le Saint Siège d'intervenir auprès de l'Eglise Maronite pour régler des différents entre les prélats, superviser l'élection d'un patriarche, et d'examiner la rédaction et l'application des décisions des deux synodes de Al-Louaizeh.

       

      M. Bossu, Délégué apostolique au Liban, premier Lazariste au Liban, 1763.

      Mission : régler un différend entre Tobia el-Khazen, patriarche de 1756 à 1766, et l'évêque de Beyrouth Youssef Stephan, futur patriarche de 1766 à 1793. (Histoire d'Antoura, M. Joppin-p.16).

      M. Gandolfi

      Première mission : Nommé visiteur apostolique en 1807, il est chargé par le Saint Siège de ramener la paix au sein de l'église Maronite après la démission du patriarche Youssef Tyan (1796-1808) et la vacance du siège. Il convoque les évêques maronites à Antoura en 1809 pour l'élection d'un nouveau patriarche, Youhana el-Helou (1808-1823). (Histoire d'Antoura, M. Joppin-p.19).

      Seconde mission : Assister, à la demande du Saint Siège, au Second Synode Maronite de Louaizeh en 1818 pour régler les questions des couvents mixtes et du choix d'une résidence fixe pour le patriarche et pour les évêques maronites. (Histoire d'Antoura, M. Joppin-p.19).

       

       

    • III-Après la fondation du collège 1834-1879

       

      M. Leroy, fondateur du collègefait d'Antoura une « manière de justice de paix où se liquidaient les différents », et joue un grand rôle dans l'histoire du Liban sous l'occupation Egyptienne, l'insurrection de 1841, et les massacres de 1860 : il sauve plusieurs chrétiens et fait du collège et des maisons des Lazaristes un asile pour les persécutés, les réfugiés et les orphelins. Il reçoit probablement la visite des Patriarches Massaad et Hajje, comme le signale un extrait du discours de M. Maransin en 1965 : « Cet honneur et ce bonheur, nous les devons à une longue histoire qui a ramené dans nos vieux murs - et à pareille date précisément - vos glorieux prédécesseurs, en particulier leurs béatitudes les patriarches MassadHajje, Hoyek et Arida » (AAAA, Bulletin annuel, Juin 1964-n.20) Il est l’un des rares non-maronites à avoir droit à des funérailles selon le rite maronite.

       

    • IV-Supériorat de M. Saliège (1879-1911) et l'instauration de la visite traditionnelle du Patriarche Maronite au collège.

       

      Cette période est le témoin de la solidification des relations entre le Patriarcat et le Lazaristes d'Antoura. M. Saliège, est l'instigateur de la tradition qui met en relief le caractère privilégié de la relation entre Antoura et l'Eglise Maronite. Le collège bénéficie, seul, parmi tous les établissements français au Proche-Orient, de l'honneur de recevoir le patriarche maronite le jour de la fête de son saint patron pour la célébration d'une messe.

       

      Les archives du collège décrivent le déroulement de cette journée : « la concrétisation de ces relations était la fête de Saint Joseph, patron du collège. Monsieur Saliège invitait pour ce jour le patriarche et sa maison. Sa béatitude arrivait la vielle au soir et célébrait pontificalement la messe devant les élèves et un grand concours de peuple..., à midi un grand déjeuner réunissait autour du Patriarche le consul de France, parfois le gouverneur du Liban, le caïmacan et des notabilités. » (Histoire d'Antoura, M. Joppin-p.64).

       

      D'autres passages des archives témoignent de la relation privilégiée qu'ont les supérieurs du collège et les patriarches maronites : « Le Nom de Mgr Jean Hage doit demeurer en bénédiction dans notre maison, écrit-il (le P. Saliège), dans ses notes intimes ; ce vénérable prélat n'a cessé de nous donner les preuves les plus sensibles de son estime et de sa bienveillance ». (Histoire d'Antoura, M. Joppin-p.64).

       

      « Malgré la situation humainement très avantageuse et la position très honorable qu'il occupait, il ne s'est jamais départi d'être le très fidèle disciple de Saint Vincent de Paul par son humilité et par son amour de la pauvreté ». (Extrait du discours du Patriarche Hoyek à la mort de M. Saliège, Histoire d'Antoura, M. Joppin-p.67).

       

      Un même architecte pour Antoura et Bkérké:

       

      Extrait du discours de M. Maransin en 1965 : « C’est au début du XIXe siècle que Bkérké était devenue résidence d’hiver, en attendant la construction, sous le patriarcat de Mgr. Hage, du palais actuel aux plans duquel devait collaborer un lazariste d’Antoura, le frère Leonard Delanuit. » Le frère Delanuit travailla aussi sur les plans de la résidence estivale du patriarcat à Dimane. (AAAA, Bulletin annuel, Mai 1965-n.21)

       

    • V-Période récente 1920-2015.

    Après un arrêt forcé durant la première guerre Mondiale, la tradition reprend sous le Mandat Français et continue après l'indépendance du pays en 1943. Les Patriarche Hoyek et puis Arida vinrent à plusieurs reprises célébrer la fête de Saint Joseph au collège, comme en témoignent nos archives. En 1953, la tradition est de nouveau suspendue, à cause de la maladie du Patriarche Arida, qui envoie un vicaire, Monseigneur Moubarak, célébrer une messe à sa place. Un extrait de son discours est fort intéressant : « Le collège d’Antoura s’est mis sous la protection de Saint Joseph, et il a bien fait…Saint Joseph a protégé et bien protège les deux personnes les plus chères au cœur de Dieu, Notre Seigneur Jésus Christ et la Sainte Vierge. Donc il peut bien protéger le collège d’Antoura. » (AAAA, Bulletin annuel, Mai 1953-n.15)

     

    La tradition reprend en 1964, après dix années de suspension, avec le Patriarche Méouchi. Sa visite de 1969 est marquée par son discours historique dont voilà un extrait : « Notre salut réside dans la sauvegarde de notre foi, de nos principes et de nos traditions. Ce sont là les critères sur lesquels s’est bâtie l’existence de ce pays, que tout libanais doit défendre... Le relâchement que nous constatons sur le plan de la foi se traduit également dans les mœurs publiques. La corruption, la luxure et les pratiques immorales ne cessent de se propager. Elles sont contraires à l’esprit du vrai libanais. Ou peut donc mener cette décadence sociale, dans cette lutte vitale que mène le Liban pour son salut ? N’oublions pas que le salut d’une nation est lié à la santé morale de la société ». (AAAA, Bulletin annuel, Juin 1969-n.25)

     

    La guerre qui éclate au Liban en 1975 met fin à la régularité de la célébration, elle reprend avec le Patriarche Sfeir, dont la dernière visite, un an avant sa résignation en 2010, est aussi la dernière visite d'un Patriarche Maronite au collège.  Cette année marque le 287e anniversaire des visites d'un Patriarche maronite au collège.

     

     

    Charles el-Hayek

    Professeur d'Histoire.

    www.heritageandroots.com

     

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